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EntrevueSanté

Une vodka avec Lise Watier

À la conquête du monde avec une vodka fabriquée au Québec.

par Annie Bourque

Une grande douceur émane de la fondatrice de la marque de cosmétiques et produits de beauté qui porte son nom. La femme d’affaires Lise Watier a accueilli chaleureusement l’équipe du magazine CHIC par Le Germain dans son appartement montréalais, orné de grandes fenêtres.

Pendant la séance photo, Lise Watier s’installe tout près d’un magnifique piano. Elle tient dans ses bras son caniche, Folie, qui la regarde d’un air admiratif, complètement subjugué par sa maîtresse. Son chien la suit partout sauf durant ses voyages à l’étranger.

Son mari, Serge Rocheleau, nous propose un verre de vodka Quartz, dont le flacon hexagonal vient d’être mis en marché par Lise Watier en partenariat avec le Domaine Pinnacle et l’embouteilleur d’eau Eska.

Avant de prendre sa retraite, Mme Watier se souvient d’une conversation avec son époux. Elle appréhende un surplus de temps libre. Il lui faut un projet stimulant, une source d’inspiration. La femme d’affaires réfléchit à l’acquisition d’un vignoble en pleine nature. Elle s’informe sur le sujet en lisant des magazines et des livres sur la fabrication de vins et de spiritueux. «Pour faire de bons vins, il faut une bonne terre, de l’ensoleillement, alors que la vodka dépend beaucoup de la qualité de l’eau utilisée.»

La meilleure vodka au monde

Par hasard, un ami de sa fille Marie-Lise lui mentionne le nom de Charles Crawford, le président du Domaine Pinnacle, situé à Frelighsburg, au Québec, qui possède toutes les infrastructures de fabrication. Un lunch scelle leur union d’affaires. «Ensemble, on voulait exactement la même chose : fabriquer une vodka d’exception, la meilleure au monde.» Rien de moins.

Le nom bilingue de Quartz provient des eskers du Grand Nord qui filtrent l’eau de façon naturelle. «Notre fournisseur d’eau Eska est mis en évidence sur la bouteille. Je veux glorifier ce qu’on fait d’exceptionnel au Québec», dit Mme Watier d’un ton passionné.

Son projet s’est échelonné sur plusieurs années. Durant trois ans, de 2010 à 2013, elle doit reprendre le flambeau de son entreprise laissée sans chef de direction. «De fil en aiguille, toutes les choses se sont placées. J’ai presque acheté une distillerie à Laval avant de retourner à Lise Watier Cosmétiques», confie-t-elle. Les circonstances en ont décidé autrement. «On dirait qu’il y a toujours une raison à quelque chose. La vie, c’est comme un casse-tête. Il y a des morceaux qui s’imbriquent facilement et d’autres non. Je laisse les circonstances et la vie me placer sur le bon chemin, mais je ne lâche jamais prise.»

Sa plus grande motivation

À ses débuts comme femme d’affaires, Lise Watier s’est butée à une kyrielle de refus de gens qui ne croyaient pas à son projet de création d’une ligne de maquillage. «Je me suis fait dire non par de nombreux chimistes et de grands détaillants qui ne voulaient même pas me rencontrer.» Loin de se décourager, la jeune femme n’a qu’un seul but en tête : «Je voulais prouver à ceux qui ne croyaient pas en moi ou en mes projets qu’ils avaient tort. Tout au long de ma vie, ce fut ma plus grande motivation.» Aujourd’hui, les ventes de Lise Watier Cosmétiques s’élèvent à 90 M$. L’entreprise emploie 70 personnes et exporte ses produits à travers le monde.

Mais derrière cette femme déterminée et volontaire se cache une grande timide. «Quand j’entre dans une pièce où je ne connais personne, cela m’intimide énormément. Heureusement, il y a toujours quelqu’un qui me reconnaît et vient me chercher.» Au début de sa carrière comme animatrice à la télévision, elle apprend peu à peu à se départir de sa gêne. «J’ai appris à être vraie et à montrer que je n’étais pas parfaite.»

Aider les femmes en difficulté

Originaire d’Hochelaga-Maisonneuve, quartier modeste de Montréal, Lise Watier connaît la réalité des femmes en difficulté, trop souvent ignorées dans la société. En 2009, elle a mis sur pied une fondation pour leur venir en aide. Plusieurs sont des mères monoparentales dont les conjoints les ont laissées sans aucune aide financière.
Certaines sont sous l’emprise d’hommes manipulateurs qui les abaissent sur le plan psychologique. Prises dans un cercle vicieux, elles n’ont pas le choix de rester si elles veulent un toit ou de la nourriture pour leurs enfants. «À ce moment-là, ces femmes acceptent l’inacceptable. Et c’est ce que moi, je veux combattre. Si on a les capacités de suivre une formation ou de travailler, on peut finalement s’en sortir», raconte-t-elle.

La Fondation Lise Watier travaille de concert avec plusieurs organismes à travers le Canada. «Une femme qui devient autonome financièrement, c’est-à-dire qu’elle gagne un salaire, ce n’est plus une victime. Ses enfants la voient comme une femme accomplie.» Chaque jour, Mme Watier reçoit des témoignages ou des lettres de ses protégées. Par exemple, cette étudiante en sociologie qui était auparavant itinérante dans la rue. Quand elle a donné naissance à sa petite fille, la jeune femme a décidé de prendre sa vie en main.

Une autre a entrepris des études en tourisme d’aventure en Gaspésie. «Elle est très motivée. Elle m’a écrit : “je veux être la meilleure et ne pas vous faire honte”. Quand quelqu’un se prend en main, cela décuple ses capacités. » Mme Watier souhaite sortir ces femmes de leur isolement et de leur solitude. «C’est important d’avoir un rêve et de rêver de faire quelque chose.» L’entrevue s’allonge quelque peu en dégustant la vodka Quartz et oblique vers les moments inoubliables de la carrière de Lise Watier, dont le lancement de Neiges, un parfum qui est devenu un sillage classique avec son lot d’inconditionnelles depuis plus de 20 ans.

Un autre événement marquant fut l’incendie survenu en 1990 au siège social de son entreprise. «Ce fut très difficile sur le plan émotif et financier. Nous sommes revenus plus solides. Cela m’a fait voir la générosité de la communauté d’affaires. Des compétiteurs m’ont même offert leurs bureaux.» Profondément croyante, Lise Watier assure que les anges l’ont protégée. «Toutes les données importantes de mon bureau sont restées intactes, alors que tout le reste a brûlé.»

Pendant la discussion, son mari la regarde d’un air tendre, affectueux et complice. Depuis 33 ans, ils vivent un amour profond et authentique. «Avec Serge, c’est tellement facile. Il est l’âme sœur en qui j’ai une confiance totale et avec qui je partage tout.»

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Germain Hôtels16 juin 2015
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