Plusieurs artisans derrière les rénovations à l'Hôtel Le Germain Montréal discutent de cet impressionnant projet.
Par Yann Fortier
Directrice régionale et directrice du design chez Germain Hôtels, Marie Pier Germain est particulièrement fière du travail accompli par les équipes impliquées dans la création de la toute nouvelle expérience montréalaise. Il est vrai que la plus importante cure de rajeunissement de l’histoire de l’entreprise est à la hauteur du résultat : extraordinaire.
Extension du restaurant, nouveau bar lounge, gym fenestré, rajout de six étages, réaménagements de la terrasse et du lobby : c’est en découvrant les espaces, le nouveau mobilier et les clins d’œil à l’Expo 67 que l’on mesure l’ampleur et, surtout, le fruit sublime des travaux ayant mobilisé tout un bouquet de talents.
UN MODÈLE D’INTÉGRATION
Abritant à l’origine les locaux de l’Ordre des ingénieurs du Québec, l’immeuble inauguré en 1967 a été converti en Hôtel Le Germain en 1999. Vingt ans plus tard, un an après sa fermeture complète, sa réouverture se révèle comme un fabuleux modèle d’intégration architecturale et design.
« L’ensemble porte toujours la signature Germain », rassure Marie Pier Germain, ce qui se reflète « dans l’esprit contemporain et le haut degré de confort, mais également, dans l’équilibre entre notre personnalité et l’expérience que nous souhaitons valoriser ».
D’emblée, nous voici épatés par la luminosité des chambres, notons ici la transparence d’une chaise, là une courbe rétrofuturiste ou un moelleux tapis ornemental. Et dans ce renouveau, indémodable, « nous ferons également voyager les visiteurs, ce qui est aussi dans la mission de notre équipe », souligne Marie Pier Germain.
UNE DESTINATION INTEMPORELLE
Dès l’aménagement de la chambre témoin, autant les générations ayant vécu la bouillonnante et créative fin des années 60 que les plus jeunes sont tombés en amour avec la nouvelle proposition comprenant 136 chambres, des suites juniors et 2 vastes suites prodiguant tout le confort et les avantages d’un appartement de luxe.
Marie Pier Germain évoque avec autant d’enthousiasme le superbe restaurant Le Boulevardier, à l’étage, et l’expérience plus intime du Flâneur, resto-bar connecté au lobby, idéal pour boire un verre de bulles, casser la croûte, déguster des huîtres. En été, la terrasse extérieure, elle aussi bonifiée, promet de doux moments.
Ainsi, la prestigieuse adresse de la rue Mansfield est vouée également à devenir une destination prisée par la clientèle d’affaires du centre-ville. « La prestation et l’expérience globale, au petit-déjeuner, à l’heure du lunch comme en soirée, sont l’occasion idéale pour profiter d’un lieu convivial, propice aux échanges. »
BÂTIR L’HISTOIRE
La loyauté exceptionnelle unissant Germain Hôtels et sa clientèle est comparable à celle qui, depuis 25 ans, se consolide avec LEMAYMICHAUD. « Nous avons signé tous les hôtels du groupe », rappelle Louise Dupont, associée de la firme d’architecture et de design fondée en 1979.
La nouvelle version de l’hôtel montréalais ne fait pas exception à ce parcours de confiance : « Ce qu’il y a d’extraordinaire avec la famille Germain, c’est sa réceptivité et sa volonté d’aller plus loin, sans dénaturer ce qui fait la renommée de chaque établissement. »
La trame narrative de l’actuel Hôtel Le Germain Montréal a d’abord pris racine dans la conception des chambres avant de se manifester, tout en finesse, aux étages, dans les espaces de détente et de rencontres. Or, « évoluer tout en préservant intacts l’esprit et l’expérience recherchée par des visiteurs déjà très attachés à leur hôtel constituait un défi de taille », admet Louise Dupont.
L’ensemble émerveille les sens, notamment avec la mise en valeur de créateurs locaux, pour le plaisir des yeux. « Avoir réussi cette transformation en respectant le bâtiment nous rend très fiers », dit-elle. Ainsi s’écrivent les chapitres d’une grande histoire.
DANS LE REGARD DE ROGER LA ROCHE
Roger La Roche a 13 ans (!) au moment où il est embauché comme cuisinier dans une concession de l’Expo 67 : « J’ai quitté l’école dès avril, avec l’approbation du directeur. Il m’avait dit que j’allais apprendre davantage que durant 10 ans en classe ! »
Le jeune Roger La Roche profite alors « du meilleur travail étudiant au monde », consacrant ses temps libres à la réalisation de son premier objectif : photographier l’événement. « J’y investissais plus de la moitié de ma paye. »
Durant ces mois d’effervescence, il documente, cadre et contextualise l’action défilant devant sa lentille. Cinquante ans plus tard, son travail est reconnu et exposé, notamment dans l’ancien pavillon des États-Unis, la Biosphère. Un écho fort à propos pour ce professeur en science de l’environnement qui, depuis sa retraite, approfondit l’inépuisable source d’inspiration et de transformation de l’Expo 67.
Véritable encyclopédie de faits et d’anecdotes, Roger La Roche laisse aussi son empreinte particulière dans les espaces du nouvel Hôtel Le Germain Montréal, ses photos s’intégrant à une mosaïque d’images iconographiques, déployées dans chaque salle de bain de l’hôtel.
« L’esprit convivial du Germain est un trait d’union avec l’Expo 67 : Germain soigne ses clients et, depuis 1967, Montréal prend soin de ses visiteurs. »
L’ART DU BEAU AU SERVICE DE L’EXPÉRIENCE
Zébulon Perron élève au rang d’art le design et l’aménagement de bars et de restaurants. Son parcours se lisant comme un sans-faute, la rencontre entre sa vision, celle de Germain Hôtels et des architectes de LEMAYMICHAUD aura favorisé l’expression de sublimes traits de créativité. par Yann Fortier
Le designer est particulièrement sensible à l’esprit de l’Expo 67 traversant la nouvelle expérience de l’Hôtel Le Germain Montréal : « C’est un moment passionnant de notre histoire que mes parents ont vécu en y travaillant et même en s’y rencontrant. » Il rappelle que si cet événement, quasi mythologique, symbolisait l’ouverture sur le monde, « il était tout aussi riche sur le plan de l’art et du design ».
Autre coup d’inspiration initial ? L’édifice abritant l’hôtel : « Nous sommes dans un environnement brutaliste qui fait écho à l’époque. D’où l’idée de lui rendre hommage sans chercher à le détourner de ses racines. » Le résultat reflète l’équilibre, fin, entre son regard sur une période et sa vision contemporaine, imperméable aux modes. Zébulon Perron évoque les contrastes, le recours aux matières naturelles, cite le velours, le cuir, le bois, le marbre.
Au lobby, le lounge intime incite à la convivialité. « Ce qui compte, avant l’esthétisme ou l’exécution, c’est de créer des espaces où les gens se sentent bien. » L’accès par le nouvel escalier menant au restaurant Le Boulevardier nous permet d’admirer le cellier, qui semble nous guider jusqu’à l’étage, au centre de l’espace. L’effet panoramique est saisissant : la géométrie manifeste du plafond noir, le plancher clair, la disposition des miroirs cadrant la cuisine ouverte sur la brigade, la fenestration, dans une perspective fuyante sur la ville... Un lumineux hasard, rare, rendu possible par l’avenue du Président-Kennedy, déroulée comme un tapis jusqu’au pied de l’hôtel.
Que l’on soit touriste ou en quête d’une destination d’exception au centre-ville, on y prendra place souvent, puisque le plaisir se prolonge en ouvrant le menu.